Résumé de la section : Santé et bien-être individuels – Les premières années

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La carie de la petite enfance (CPE) se définit comme la présence d’une carie touchant au moins une dent de lait ou une dent primaire chez un enfant en bas âge. Auparavant, on désignait la CPE par le terme « carie du biberon », mais il a été établi que le CPE comporte plusieurs facteurs de risque. Ceux-ci comprennent notamment une exposition aux bactéries et au sucre (découlant de l’utilisation prolongée du biberon ou de la tasse d’entraînement contenant des boissons sucrées), un faible statut socioéconomique, des facteurs comportementaux, comme l’hygiène buccodentaire, les visites chez le dentiste et autres. Les enfants autochtones présentent des taux plus élevés de CPE. On estime que 18,5 % des nourrissons des Premières Nations et 31 % des enfants d’âge préscolaire de trois à cinq ans ont une dent touchée par une carie de la petite enfance. Chez les enfants inuits d’âge préscolaire (trois à cinq ans), 85,3 % ont une carie ou plus. Entre 2008 et 2010, les enfants des Premières Nations qui avaient été nourris au biberon, étaient obèses et vivaient dans des logements surpeuplés avaient tendance à présenter des taux plus élevés de CPE que les autres enfants des Premières Nations. L’allaitement maternel aurait contribué à réduire ces taux. Le risque de CPE est plus élevé chez les enfants qui boivent des jus de fruits, du lait en conserve, du lait maternisé enrichi de fer, du thé, des boissons gazeuses et des boissons en poudre que chez ceux qui n’en boivent pas. Cette situation est préoccupante puisqu’il a été démontré que plus de 50 % des enfants des Premières Nations, des enfants métis et des enfants inuits de deux à cinq ans boivent deux portions ou plus de boissons gazeuses ou de jus quotidiennement.

Les blessures non intentionnelles sont la principale cause de décès et de morbidité de jeunes enfants autochtones (et non autochtones) au Canada. Entre 2008 et 2010, parmi les enfants des Premières Nations âgés de 0 à 11 ans, la forme de blessure la plus courante consistait en coupures, éraflures ou contusions mineures, lesquelles comptaient pour environ 43 % de toutes les blessures. D’autre part, 23 % étaient des fractures. En 2007-2008, les coupures et les éraflures étaient les types de blessures les plus courantes chez les jeunes enfants inuits de trois à cinq ans.

L’alcool est un tératogène reconnu. Le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF) est la principale cause connue de troubles du développement pouvant être évités au sein de la population canadienne. En 2006, la proportion d’enfants autochtones de moins de six ans vivant hors réserve ayant reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF*) était de 0,7 %, cette proportion varie selon les provinces. Seuls 50 % des enfants diagnostiqués ont reçu un traitement.

Indicateurs de développement
Les jeunes enfants autochtones participent en majorité à des activités de perfectionnement de leurs aptitudes cognitives et scolaires régulièrement. En 2006, plus de 80 % des enfants inuits, métis et des Premières Nations de deux à cinq ans affinaient leurs aptitudes en mathématiques, en s’exerçant à compter une fois par jour. La vaste majorité lisait ou regardait des livres quotidiennement et entendait des histoires. Les enfants inuits de deux à cinq ans lisaient ou regardaient des livres ou entendaient des histoires moins souvent que les enfants métis et des Premières Nations du même âge.

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Qui sont les enfants autochtones?
Les enfants autochtones représentent une proportion importante des jeunes enfants vivant au Canada – selon le Recensement de 2011, plus de 7 % de tous les enfants canadiens de moins de cinq ans étaient d’origine autochtone. Il y avait plus de 136 000 enfants autochtones au Canada. Les deux tiers (90 995) étaient des Premières Nations; environ un quart était constitué d’enfants métis et 5 % étaient inuits.

Dans l’ensemble, environ 5 % de tous les enfants canadiens de moins de cinq ans étaient membres des Premières Nations, près 2 % étaient métis et 0,4 % étaient inuits. Toutefois, ces proportions varient selon les provinces et territoires. Au Manitoba, près de 20 % des enfants des moins de cinq ans étaient autochtones et près de 9 % étaient métis. En Saskatchewan, 21 % des enfants de moins de cinq ans étaient membres des Premières Nations et 7 % étaient métis. Au Nunavut, près de 90 % des enfants de moins de cinq ans étaient inuits. Au Yukon, 25 % des enfants des moins de cinq ans étaient membres des Premières Nations et près de 40 % des enfants des Territoires-Nord-Ouest de 0 à 4 ans étaient membres des Premières Nations.

La vaste majorité des jeunes enfants (moins de cinq ans) vivait avec au moins un des parents. La majorité (70 %) des enfants des Premières Nations de moins de cinq ans vivait avec les deux parents, comme plus de la moitié (53 %) des enfants des Premières Nations vivant hors réserve. Environ 40 % des enfants des Premières Nations de moins de cinq ans vivent avec un seul parent, comme 30 % des enfants métis et 28 des enfants inuits. Une très faible proportion vit avec les grands-parents.

Indicateurs relatifs à la mère
Les femmes autochtones commencent généralement à avoir leurs enfants alors qu’elles ont moins de 25 ans – plus de la moitié des femmes métisses et des Premières Nations ont leur premier enfant alors qu’elles sont âgées de 19 à 24 ans et la majorité des femmes inuites ont leur premier enfant alors qu’elles sont âgées de moins de 18 ans.

Le taux de fertilité des femmes autochtones est plus élevé que celui des femmes canadiennes non autochtones : 2,2 enfants par femme, par rapport à 1,6. Le taux de fertilité varie selon le groupe autochtone.

Les effets négatifs du tabac sur la santé de l’enfant à naître, pendant la grossesse, sont bien documentés – risque accru d’insuffisance pondérale, mortinaissances, avortements spontanés, retard de croissance intra-utérine, naissances prématurées, décollement placentaire et syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN). Près de la moitié – 47 % – des femmes des Premières Nations fumaient pendant la grossesse entre 2008 et 2010. 33 % ont fumé pendant toute la durée de la grossesse – 9 % ont arrêté pendant le premier trimestre et 5 % plus tard pendant la grossesse. Le taux de tabagisme a augmenté depuis 2002-2003. Les mères plus âgées étaient plus susceptibles de fumer que les plus jeunes. Les mères qui détiennent un diplôme universitaire étaient moins enclines à fumer que celles qui n’ont pas terminé leur diplôme d’études secondaires. Les mères à faible revenu sont plus susceptibles de fumer que celles qui ont un revenu plus élevé. La majorité (83 %) des mères inuites ont déclaré avoir fumé pendant la grossesse. Le taux de tabagisme chez les femmes des Premières Nations et les femmes inuites est beaucoup plus élevé que celui des femmes non autochtones.

Les avantages de l’allaitement pour la mère et le nourrisson sont bien documentés et acceptés. La majorité des femmes autochtones allaitent leur bébé – 86 % des femmes des Premières Nations de 15 à 24 ans, comme 81 % des femmes métisses et 77 % des femmes inuites (entre 2007 et 2010). Ces taux sont très similaires à celui des femmes non autochtones. Chez les femmes des Premières Nations et les femmes métisses plus âgées (de 25 à 44 ans), le taux était légèrement plus faible que celui des femmes de 15 à 24 ans, alors qu’il était le même chez les femmes inuites. L’Organisation mondiale de la santé, comme de nombreuses organisations professionnelles canadiennes, recommande l’allaitement exclusif durant les six premiers mois de vie. Environ 20 % des femmes des Premières Nations (de 15 à 24 ans) ont opté pour l’allaitement exclusif, par rapport à seulement 14 % des femmes sans identité autochtone. Les femmes plus âgées avaient tendance à allaiter plus longtemps que les plus jeunes.

Déterminants de la santé et du bien-être
Revenu
En 2006, les enfants des Premières Nations de moins de six ans étaient plus susceptibles de vivre dans une famille à faible revenu que les enfants non autochtones. Les enfants ayant le statut d’Indien inscrit vivant hors réserve étaient les plus susceptibles de vivre dans une famille à faible revenu (55 %). Par contre, seuls 18 % des enfants non autochtones vivaient dans une famille à faible revenu. On observe des différences selon l’endroit où les enfants résident. Ceux des Premières Nations vivant dans les collectivités urbaines (hors réserve) étaient deux fois plus susceptibles de vivre dans une famille à faible revenu que les enfants des régions rurales – 54 % contre 27 %, respectivement. Cette différence entre les zones rurale et urbaine est la même chez les enfants non autochtones. Les enfants des Premières Nations de moins de six ans vivant dans une grande ville (régions métropolitaines de recensement) étaient plus susceptibles de vivre dans une famille à faible revenu que ceux des centres urbains de plus petite taille. Comme c’est le cas pour les enfants non autochtones, un moins grand nombre vit dans la pauvreté. En 2006, 21 % des enfants métis de moins de six ans vivaient dans une famille à faible revenu. Les enfants métis des régions rurales étaient moins susceptibles de vivre dans une famille à faible revenu (20 %) que ceux des villes (36 %). En 2006, près de la moitié des enfants inuits de moins de six ans résidant hors de l’Inuit Nunangat dans les régions métropolitaines de recensement vivaient dans une famille à faible revenu. Cela représente plus de deux fois le taux des enfants non autochtones de moins de six ans vivant dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) (21 %).

Alimentation et insécurité alimentaire
L’accès à une alimentation adéquate est un important déterminant de la santé. Pour jouir d’une sécurité alimentaire, les familles doivent avoir l’assurance qu’elles ont et qu’elles continueront de bénéficier d’un revenu qui leur permettra de se procurer une quantité suffisante d’aliments nutritifs pour nourrir tous les membres de la famille. De plus, l’accès à des aliments culturellement appropriés est important pour les peuples autochtones.

En 2004, un tiers des ménages autochtones (hors réserve) ont déclaré être en situation d’insécurité alimentaire, par rapport à 9 % des ménages non autochtones. Les familles comptant trois enfants de moins de 18 ans ou plus, les familles à faible revenu et les familles monoparentales sont les plus susceptibles de déclarer une situation de précarité alimentaire. Au Nunavut, en 2007-2008, plus de la moitié (56 %) des enfants inuits de trois à cinq ans étaient aux prises avec une insécurité alimentaire – un quart était en situation de grave insécurité alimentaire.

Les parents ont différents moyens de contrer l’insécurité alimentaire. Selon une recherche effectuée auprès d’enfants inuits (de trois à cinq ans) en situation d’insécurité alimentaire modérée, 95 % des parents nourrissaient leurs enfants avec des aliments plus abordables et 64 % disaient que leurs enfants ne mangeaient pas suffisamment. Chez les enfants en situation de grave insécurité alimentaire, 90 % avaient faim et les trois quarts sautaient des repas.

Malgré ces problèmes, les parents de jeunes enfants font de leur mieux pour leur offrir des aliments sains. Selon de récentes études, la majorité des enfants des Premières Nations (de deux à cinq ans), des enfants métis et inuits mangent des aliments traditionnels ou prélevés dans la nature. La majorité des enfants des Premières Nations de deux à cinq ans, des enfants métis et des enfants inuits mangeaient la quantité de viande et de produits laitiers recommandée dans les directives alimentaires nationales propres aux peuples autochtones. Plus de 60 % des enfants des Premières Nations et des enfants métis âgés de deux à cinq ans mangeaient au moins une portion de légumes par jour et plus de 50 % mangeaient au moins un fruit. Chez les enfants inuits, ces taux sont légèrement moindres. Seuls 20 % des enfants des Premières Nations et des enfants métis et 9 % des enfants inuits mangeaient au moins les trois portions quotidiennes de légumes recommandées – les légumes sont souvent dispendieux et difficilement accessibles pour certaines familles. Un grand nombre de jeunes Autochtones consomment régulièrement de la « malbouffe ». La majorité – plus de la moitié des enfants des Premières Nations, des enfants métis et des enfants inuits – consommait régulièrement des aliments transformés ou prêts-à-manger, buvait des liqueurs douces ou des boissons gazeuses deux fois par jour ou plus et prenaient des collations salées ainsi que des desserts tous les jours. La nourriture prête à manger ou transformée est souvent moins chère que les aliments plus sains.

Résultats sur le plan de la santé
En 2006, plus de 85 % des parents et des tuteurs d’enfants des Premières Nations, d’enfants métis et d’enfants inuits de moins de six ans ont déclaré que la santé de leurs enfants était bonne, très bonne ou excellente. Cette situation était la même pour les enfants non autochtones de moins de six ans.

Malgré cela, les jeunes enfants autochtones sont exposés à un certain nombre de problèmes de santé – comme une insuffisance pondérale à la naissance, des problèmes de santé chroniques, des maladies des voies respiratoires, l’obésité, des blessures non intentionnelles, le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale et les caries dentaires.

Les enfants qui affichent un faible poids à la naissance sont plus susceptibles d’être atteints d’un certain nombre de problèmes de santé, comme le syndrome de mort subite du nourrisson, des maladies chroniques et des retards de développement. Les femmes des Premières Nations vivant hors réserve (non inscrites), les femmes métisses et les femmes inuites présentent toutes des risques plus élevés de donner naissance à des enfants de faible poids que les femmes de la population canadienne. Les femmes des Premières Nations inscrites vivant hors réserve et les femmes des Premières Nations vivant dans les réserves présentent des risques égaux ou légèrement moindres de donner naissance à des enfants de faible poids que la moyenne canadienne. Tous les groupes autochtones présentent des risques plus élevés de donner naissance à des bébés de poids élevé à la naissance que le reste de la population canadienne.

En 2006, 30 % des enfants des Premières Nations de moins de cinq ans ayant le statut d’Indien inscrit (ou reconnus par un traité et vivant dans les réserves ou hors réserve) avaient une maladie chronique; ce taux était de 28 % chez les enfants non-inscrits, les enfants métis et les enfants inuits. Chez les enfants des Premières Nations de moins de 12 ans, les allergies et l’asthme étaient les maladies chroniques les plus souvent diagnostiquées. Selon l’Enquête régionale sur la santé (ERS) de 2008-2010, l’âge moyen des personnes recevant un diagnostic d’asthme était de 2,3 ans. Les garçons étaient près de deux fois plus susceptibles d’être atteints d’asthme que les filles. En 2007-2008, 42 % des enfants inuits de trois à cinq ans vivant au Nunavut s’étaient rendus dans un établissement de santé ou un hôpital au cours des 12 mois précédents en raison d’une maladie respiratoire.

Les jeunes enfants en surpoids ou obèses sont plus à risque d’avoir des problèmes de santé pendant l’enfance et à l’âge adulte. Les taux de surpoids et d’obésité chez les enfants des Premières Nations âgés de 2 à 11 ans étaient de 20 % et 42 % respectivement, entre 2008 et 2010. Le taux d’obésité a fait un bond de 17 % depuis 2002-2003. En 2007-2008, 30 % des filles et 24 % des garçons inuits étaient en surpoids.
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