Santé et développement de la petite enfance : Synthèse des résultats développementaux
Les jeunes enfants traversent une période de changements intenses, à la fois sur le plan physique, émotionnel et cognitif associée à une période de transition entre être entièrement dépendants des autres et être en mesure d’agir par eux-mêmes, de s’exprimer et de tisser des liens avec autrui.
Ce qu’un enfant vit dans ses premières années influence grandement comment il s’en sortira une fois sur les bancs d’école. Les recherches démontrent que les enfants dont on a pris bien soin et qui ont été stimulés depuis leur naissance réussiront mieux à l’école. Ces enfants sont exposés à des livres, des idées et des chiffres; on leur montre à résoudre des problèmes et ils ont l’occasion d’acquérir des aptitudes sociales et affectives dans un contexte de groupe. L’acquisition de ces aptitudes et les capacités et le caractère innés de l’enfant seront la pierre angulaire de son éducation, et quand l’enfant commencera l’école, il sera prêt à apprendre.
L’Instrument de mesure du développement de la petite enfance – l’IMDPE – est un questionnaire créé par le Dr Dan Offord et la Dre Magdalena Janus du Offord Centre for Child Studies de l’Université McMaster. Il compte 103 questions auxquelles doivent répondre les professeurs de maternelle lors de la deuxième moitié de l’année scolaire afin d’évaluer la capacité des enfants à répondre aux attentes dans cinq domaines de développement : la santé physique et le bien-être, les compétences sociales, la maturité affective, le développement cognitif et langagier et les habiletés de communication et les connaissances générales. La vulnérabilité globale, qui combine les cinq domaines, identifie les enfants vulnérables dans au moins un domaine de l’IMDPE. De ce groupe font partie tous les enfants qui seront, plus tard pendant l’enfance, vulnérables aux problèmes et qui pourraient bénéficier des programmes universels. Ils peuvent être vulnérables à un ou à plusieurs domaines de développement.
La majorité des enfants canadiens ont de bons résultats dans les cinq domaines de l’IMDPE. Dans l’ensemble, au Canada, un enfant sur quatre (26,7 %) est vulnérable dans au moins un domaine de développement avant son entrée en première année. En 2014, les filles de cinq ans étaient moins susceptibles d’être vulnérables que les garçons du même âge. La proportion des enfants de cinq ans qui sont vulnérables dans au moins un domaine de l’IMDPE varie entre les provinces et territoires. (Remarque : Chaque province et territoire a sa façon de faire par rapport à l’IMDPE et soumet le questionnaire à des intervalles divers. C’est pourquoi les périodes de collecte diffèrent, ce dont il faut tenir compte quand on compare les provinces et les territoires.) Les enfants provenant de quartiers à faible revenu sont plus susceptibles d’être vulnérables dans au moins un domaine de l’IMDPE que les enfants provenant de quartiers à revenu plus élevé.
En 2014, c’était le domaine des habiletés de communication et des connaissances générales qui revenait le plus souvent chez les enfants vulnérables dans au moins un domaine de développement, domaine qui concerne la capacité de l’enfant à communiquer ses idées et ses besoins de manière socialement acceptable, à raconter des histoires, à comprendre ce qu’on lui dit et à répondre à des questions nécessitant une connaissance du monde qui l’entoure. Et le domaine du développement cognitif et langagier, qui concerne la réceptivité à la lecture, un niveau de lecture, d’écriture et de calcul approprié pour son âge, la capacité de comprendre les ressemblances et les différences et la capacité de répéter de mémoire des éléments d’information, avait le plus faible taux de vulnérabilité.
Les garçons sont plus susceptibles que les filles d’être vulnérables dans les domaines de la maturité affective et des compétences sociales de l’IMDPE. Le domaine de la maturité affective concerne la capacité de réfléchir avant d’agir, l’équilibre entre la peur excessive et l’impulsivité extrême, la capacité de maîtriser ses émotions en fonction de son âge et l’empathie à l’égard des sentiments d’autrui. Le domaine des compétences sociales concerne la curiosité à découvrir le monde, le désir de vivre de nouvelles expériences, la connaissance des comportements acceptables en public, la capacité à contrôler son comportement, un respect convenable à l’égard de l’autorité des adultes, la coopération avec les autres, le respect des règles et la capacité à s’amuser et travailler avec les autres enfants.
Les enfants provenant de quartiers à faible revenu sont plus à risque que les enfants provenant de quartiers à revenu plus élevé d’être vulnérables dans les domaines suivants de l’IMDPE : habiletés de communication et connaissances générales, développement cognitif et langagier et santé physique et bien-être. Les enfants provenant de quartiers à revenu plus élevé sont plus susceptibles d’être vulnérables dans le domaine de la maturité affective que les enfants provenant de quartiers à faible revenu. Le domaine de la santé physique et du bien-être concerne la motricité globale et la motricité fine (tenir un crayon, courir sur un terrain de jeu, coordination motrice), un niveau d’énergie adapté aux activités en classe, la capacité de répondre soi-même à ses besoins et les aptitudes à la vie quotidienne.
Dans le cadre de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes et de l’Enquête sur les jeunes Canadiens, trois tests ont été menés pour mesurer les aptitudes et la maturité scolaires des enfants de quatre et cinq ans. L’Échelle de vocabulaire en images Peabody évalue les habiletés verbales et les aptitudes scolaires d’un enfant. On lui montre des images et il doit choisir celle qui correspond au mot prononcé par l’intervieweur. En 2006-2007, la majorité (environ 86 %) des enfants de quatre et cinq ans ont obtenu un score moyen ou avancé à ce test.
Le test « Qui suis-je? » compte deux volets. Le premier (habiletés à copier) évalue les capacités de l’enfant à conceptualiser et reconstruire une figure géométrique. Le second (tâches d’écriture) évalue la capacité de l’enfant à comprendre et utiliser des représentations symboliques comme des chiffres, des lettres et des mots. La capacité de l’enfant à effectuer chaque tâche dépend de divers facteurs, dont sa maturité, sa culture, ses expériences et ses aptitudes langagières. En 2006-2007, la majorité (un peu plus de 81 %) des enfants de quatre et cinq ans ont obtenu un score moyen ou avancé à ce test.
Enfin, l’Évaluation de la connaissance des nombres mesure la capacité de l’enfant à comprendre et à utiliser les nombres. En 2006-2007, la majorité (près de 84 %) des enfants de quatre et cinq ans avait obtenu un score moyen ou avancé à ce test.
Les filles étaient plus susceptibles que les garçons d’obtenir un score avancé au test « Qui suis-je? ». Les garçons et les filles obtenaient des scores à peu près égaux à l’Évaluation de la connaissance des nombres. Les scores à l’Échelle de vocabulaire en images Peabody, à l’Évaluation de la connaissance des nombres et au test « Qui suis-je? » varient entre les provinces. En 2010-2011, les enfants vivant dans les collectivités rurales et urbaines ont obtenu des scores à peu près égaux à l’Échelle de vocabulaire en images Peabody, à l’Évaluation de la connaissance des nombres et au test « Qui suis-je? ». Les scores moyens étaient plus élevés chez les enfants vivant dans les collectivités à revenu élevé que chez les enfants vivant dans les collectivités à faible revenu pour les trois tests de maturité scolaire.
Le score moyen à l’Échelle de vocabulaire en images Peabody était aussi plus élevé chez les enfants ne faisant pas partie d’une minorité visible. À l’inverse, les enfants appartenant à une minorité visible avaient obtenu un score moyen plus élevé dans le test « Qui suis-je? ». Les enfants dont la famille était arrivée au Canada dans les dix ans précédant l’enquête avaient obtenu des scores moyens plus faibles à l’Échelle de vocabulaire en images Peabody et à l’Évaluation de la connaissance des nombres que les enfants dont les parents n’étaient pas de récents immigrants.
1What is the EDI? https://edi.offordcentre.com/researchers/how-to-interpret-edi-results/, consulté le 31 juillet 2017.