Santé et développement de la petite enfance : conditions et risques environnementaux – Synthèse des résultats
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Des données montrent l’incidence accrue des cancers chez les enfants. Cette hausse peut s’expliquer, en partie, par l’amélioration et la précocité des diagnostics. Alors que les causes du cancer chez les enfants ne sont pas bien comprises, il existe des preuves d’un lien de causalité entre l’exposition à des contaminants environnementaux et le développement de cancers. Le cancer est la troisième cause de décès chez les enfants âgés de 1 à 14 ans, représentant 12,8 % de tous les décès dans ce groupe d’âge. Entre 1992 et 2010, le taux d’incidence du cancer chez les enfants a augmenté en moyenne de 0,4 % annuellement. Entre 2006 et 2010, les neuroblastomes étaient le type de cancer le plus courant chez les enfants de moins de 1 an et les leucémies étaient la forme de cancer la plus fréquente chez les enfants âgés de 1 à 4 ans.
Les troubles de neurodéveloppement chez les jeunes enfants ont été liés à l’exposition à des toxines environnementales. Les effets neurotoxiques pour le développement et le comportement sont particulièrement préoccupants alors qu’on en apprend davantage sur la possibilité de faible déficience même à un niveau d’exposition très bas. Le plomb, le méthylmercure et les biphényles polychlorés (BPC) ont été associés à des effets néfastes sur le développement du cerveau et du système nerveux du fœtus et des jeunes enfants. Il existe en outre d’autres toxines préoccupantes. Près de trois enfants de 2 à 5 ans sur 100 (2,5 %) ont reçu un diagnostic de trouble d’apprentissage (autre que le déficit de l’attention) entre 2007 et 2011. Les garçons sont plus susceptibles de recevoir un tel diagnostic que les filles.
Le taux d’obésité a augmenté au Canada au cours des dernières années. L’obésité est un sérieux problème de santé qui entraîne de graves effets néfastes sur la santé lors de l’enfance et tout au long de la vie. Le lien entre l’exposition à des produits chimiques et l’obésité n’est pas clair. Certaines études réalisées sur des animaux, des cellules et des humains suggèrent que l’exposition aux produits chimiques et à la pollution atmosphérique pourrait être associée à l’obésité. Le milieu bâti des enfants pourrait aussi contribuer à la hausse des taux d’obésité. De plus, les enfants désavantagés sur le plan socioéconomique sont plus susceptibles de vivre dans un milieu bâti qui contribue à l’obésité.
Les enfants, qui ont besoin de relations cohérentes et aimantes avec les membres de leur famille, ont aussi besoin d’un environnement sécuritaire pour grandir et s’amuser. Cela comprend de l’air, de l’eau et une terre propres. Ils ont besoin d’un milieu bâti et d’un environnement naturel qui soutiennent leur santé et leur développement et qui ne leur portent pas atteinte.
En 1990, les pays du monde, y compris le Canada, ont signé la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, faisant la promesse aux enfants de protéger et de promouvoir leurs droits à survivre et à s’épanouir, à apprendre et à évoluer, à faire entendre leur voix et à leur offrir les moyens pour atteindre leur plein potentiel. La Convention fournit en outre des protections liées à l’environnement.
Les enfants ont une vulnérabilité accrue à un grand nombre de menaces environnementales en raison de leurs caractéristiques physiologiques, comportementales et de développement. Ils subissent une plus grande exposition par unité de poids corporel comparativement aux adultes. Ils sont moins aptes à métaboliser, à éliminer et à excréter de nombreuses toxines. Les jeunes enfants sont à une période cruciale de leur développement et les expositions peuvent entraîner des dommages irréversibles au système nerveux en croissance, affecter les modèles de comportement émergents, causer un dysfonctionnement immunitaire et créer de graves répercussions sur le système reproducteur. Les comportements des jeunes enfants, comme les contacts fréquents entre la main et la bouche, le comportement exploratoire et la proximité du sol, les exposent plus fréquemment que les adultes aux risques environnementaux.
Toxines environnementales
Il existe certains métaux dans l’environnement qui présentent un risque particulier aux enfants. Il y a notamment le plomb et le mercure. Tous les enfants et les adolescents au Canada sont exposés au plomb puisqu’il est naturellement présent dans l’environnement et qu’il fait partie de produits fabriqués. Le plomb est l’une des toxines qui ont fait l’objet des recherches les plus importantes. Il a été lié à de nombreux effets néfastes sur la santé et les comportements. L’exposition au mercure peut aussi causer des effets néfastes sur la santé des jeunes enfants, y compris des conséquences neurologiques, rénales, cardiovasculaires et immunitaires.
Les données suggèrent qu’un certain nombre de produits chimiques synthétiques et naturels, tels que le bisphénol A (BPA) et les phtalates, peuvent avoir des effets perturbateurs sur les systèmes endocriniens des humains et des animaux. Les fœtus et les jeunes enfants peuvent être particulièrement menacés par des concentrations très faibles de produits chimiques perturbateurs endocriniens en raison du rôle important du système endocrinien dans le développement. Des règlements limitent maintenant l’utilisation du BPA dans certains produits de consommation, comme les biberons. Toutefois, cette substance est toujours présente dans d’autres produits, exposant potentiellement quotidiennement les enfants canadiens à ce produit chimique. Santé Canada a mis en œuvre des restrictions sur l’utilisation du phtalate de monobenzyle dans les jouets et les produits destinés aux enfants.
Le Canada n’occupe pas une place de choix en ce qui concerne les indicateurs environnementaux aux fins de comparaison internationale. En 2016, le Conference Board du Canada a placé le Canada troisième au bas du classement parmi 15 pays comparables. Comparativement aux pays comparables, toutes les provinces sont bien mal classées.
Qualité de l’air et de l’eau
Les enfants inhalent des contaminants de l’air extérieur et intérieur ou ces substances peuvent être en contact avec leur peau. Les jeunes enfants courent un risque élevé de l’exposition à des toxines dans l’air puisqu’ils respirent davantage d’air par kilogramme de masse corporelle que les adultes, absorbant ainsi de plus grandes quantités de polluants présents dans l’air. Ils passent également plus de temps à participer à des activités vigoureuses à l’extérieur que les adultes.
La fumée de tabac secondaire et les moisissures sont des toxines reconnues qui ont de nombreux effets néfastes sur la santé. Des enfants de 3 à 5 ans, 6 % sont exposés à la fumée de tabac secondaire dans leur maison tous les jours ou pratiquement tous les jours et 13 % des Canadiens ont signalé la présence de moisissures dans leur maison. Le smog est composé d’ozone troposphérique (O3) et de matières particulaires (PM2,5). L’exposition au smog a été liée à un certain nombre d’effets sur la santé, notamment les décès prématurés, l’asthme et les autres maladies respiratoires. Entre 2000 et 2014, la moyenne annuelle de la matière particulaire était sous les Normes nationales de la qualité de l’air ambiant de 2015.
La qualité de l’eau est un déterminant important de la santé. Les enfants sont davantage menacés par les effets des contaminants dans l’eau potable puisqu’ils boivent relativement plus d’eau par unité de masse corporelle que les adultes.
Selon un système de surveillance national, de 2010 à 2012, 45 % des 172 stations de contrôle ont indiqué que la qualité de l’eau était excellente ou bonne. De celles-ci, 18 % ont déclaré que la qualité était mauvaise ou douteuse. En 2009, 11 % de tous les ménages canadiens ont signalé avoir fait bouillir l’eau pour la rendre potable au moins une fois dans les 12 derniers mois.
Changements climatiques
Les changements climatiques engendreront des événements climatiques plus sévères partout dans le monde, notamment des vagues de chaleur, des sécheresses, de violentes tempêtes, une hausse du niveau de la mer, des modifications à la variété d’insectes porteurs de maladies infectieuses et des changements à l’agriculture et aux modes de production ainsi qu’à l’accessibilité de l’eau fraîche et propre.
Les gaz à effet de serre emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère. Entre 1990 et 2015, les émissions totales de gaz à effet de serre du Canada ont augmenté de 20 %. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada, en 2014, avait le quatrième plus haut niveau d’émissions de gaz à effet de serre parmi les 35 pays de l’OCDE et le troisième plus haut niveau d’émissions par habitant.
Le Canada est plus vulnérable aux changements climatiques que les autres pays. De 1948 à 2012, la température annuelle moyenne de l’air à la surface au Canada a augmenté d’environ 1,7 °C, près du double de la hausse à l’échelle mondiale. Cela a contribué à l’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité des phénomènes et des désastres météorologiques. Dans le Nord du Canada, la hausse de la température moyenne a été plus importante que dans le reste du pays. Les Autochtones, qui représentent plus de la moitié de la population du Nord, sont les plus vulnérables.
Les enfants qui vivent dans des ménages de faible revenu sont plus vulnérables aux effets des changements climatiques. Ils sont moins susceptibles d’avoir accès à de la climatisation et il est plus probable qu’ils doivent partager de plus petits logements avec un plus grand nombre de personnes, ce qui contribue à réchauffer le milieu de vie. Les habitations de moins bonne qualité sont également plus à risque d’être endommagées par des événements météorologiques.
L’augmentation et l’évolution des maladies transmises par vecteur représentent une menace particulière pour les enfants puisqu’ils passent généralement plus de temps à l’extérieur que les adultes. La hausse des cas de maladie de Lyme au Canada en est un exemple.
L’appauvrissement de la couche d’ozone est directement lié au rayonnement ultraviolet (UV) qui augmente le risque de cancer de la peau. Les chercheurs croient qu’une grande exposition aux UV lors de l’enfance est un des facteurs de risque les plus importants de cette forme de cancer. Heureusement, selon des rapports de 2006, la majorité des parents au Canada couvrent la tête de leurs enfants (84 %) et appliquent une protection solaire sur leur visage (86 %).
Contact avec la nature
Il y a de plus en plus de preuves selon lesquelles la santé des jeunes enfants bénéficie du temps qu’ils passent en nature et dans des espaces verts. La majorité des Canadiens (85 %) ont signalé qu’ils vivaient près d’un parc ou d’un espace vert. Cette donnée varie selon les provinces. En 2013, les Canadiens de ménage à faible revenu étaient moins susceptibles de vivre près d’un espace vert. La participation à du jeu actif à l’extérieur offre des bienfaits à la santé physique et mentale des enfants. Un examen systématique récent a relevé les avantages du « jeu risqué à l’extérieur » sur le développement sain de l’enfant. Le fait d’offrir aux enfants la liberté d’explorer leur environnement naturel, de jouer et d’être actif l’aide à renforcer sa résilience et ses compétences en résolution de problèmes ainsi qu’à évaluer les difficultés en fonction de ses aptitudes personnelles. De plus, le jeu actif est bénéfique pour l’activité physique.
Incidence sur la santé
La durée de la grossesse et de la gestation a une grande incidence sur la santé du nourrisson au moment de sa naissance et tout au long de sa vie. Les bébés qui naissent trop tôt (naissance prématurée) et ceux qui naissent avec un poids trop faible ont des risques accrus de décès et de problèmes de développement et de santé. Les complications liées à une courte durée de gestation et à un faible poids de naissance sont la deuxième cause de mortalité de nourrissons au Canada, représentant 20 % de tous les décès de nourrissons.
Un nombre croissant de recherches examine le lien entre l’exposition à des toxines environnementales et les naissances prématurées et le faible poids à la naissance. Toutefois, les données ne sont pas concluantes. D’autres recherches ont montré un lien entre l’exposition aux phtalates pendant la gestation et les naissances prématurées et le faible poids à la naissance. La poursuite des travaux de recherche est nécessaire.
En 2010, 11 441 bébés sont nés avec des anomalies congénitales (déficiences de naissance) au Canada. Les anomalies congénitales sont la première cause de décès des bébés de moins de 1 an, ce qui représente près du tiers de tous les décès de nourrissons au Canada. Un nombre croissant de recherches se penche sur le lien entre les expositions environnementales et les déficiences de naissance. Plusieurs recherches ont montré un risque accru d’anomalies congénitales chez les bébés dont les mères avaient été exposées à des solvants organiques pendant la grossesse.
Les contaminants présents dans l’air intérieur et extérieur sont liés aux problèmes respiratoires chez les enfants. En 2009-2010, les maladies respiratoires étaient la première cause d’hospitalisation des enfants âgés de 1 à 4 ans et étaient la deuxième cause d’hospitalisation des enfants de moins de 1 an.
Statistique Canada a confirmé que la prévalence de l’asthme chez les enfants est quatre fois supérieure à celle d’une période de 20 ans, soit celle de 1978-1979 à 1994-1995. Les données sur les hospitalisations reflètent cette hausse. Bien qu’il existe un débat sur le rôle du surdiagnostic dans cette hausse, un certain nombre de recherches internationales suggèrent que les changements dans l’environnement pourraient contribuer à cette augmentation de cas. Suite…