Santé et développement de la petite enfance : regroupement des résultats du milieu familial
La famille apporte l’influence la plus importante sur le bien-être et le développement d’un jeune enfant. Les familles veillent à la santé physique des enfants en leur fournissant nourriture, logement et vêtements. Elles enseignent aux enfants les compétences, les valeurs et les attitudes pour les aider à participer dans la société et, en favorisant leur développement et en leur offrant du soutien, elles renforcent leur estime de soi. Elles les protègent contre les dangers.
La majorité des familles canadiennes avec de jeunes enfants jonglent entre les responsabilités familiales et le travail.
La santé des parents a une incidence sur la santé de leurs enfants. Bien que la majorité des femmes en âge de procréer déclarent que leur santé est très bonne ou excellente, cette proportion est en baisse.
La dépression parentale peut avoir de graves répercussions sur le développement et le bien‑être des jeunes enfants. Souvent, les parents déprimés sont découragés au sujet de l’avenir, manquent d’énergie et sont fermés sur le plan émotionnel. Heureusement, la majorité des jeunes enfants vivent avec des mères qui ne sont pas déprimées et avec des parents qui déclarent que leur santé mentale est très bonne ou excellente. Toutefois, selon l’Enquête sur l’expérience de la maternité 2006-2007, il est inquiétant de noter que près de 8 % de toutes les femmes en période de post-partum au Canada ont souffert d’une dépression postnatale. Certains groupes de femmes étaient plus vulnérables à la dépression : les mères plus jeunes, les femmes moins scolarisées et les femmes qui vivent dans la pauvreté. Il est aussi inquiétant de constater que près de 9 % des femmes en âge de procréer ont signalé avoir un trouble de l’humeur en 2013-2014.
Les mères canadiennes font un certain nombre de choses pendant la grossesse et après l’accouchement pour favoriser la santé de leur bébé. La majorité d’entre elles, soit 90 %, prennent de l’acide folique pendant les trois premiers mois de la grossesse, ce qui est reconnu pour prévenir les anomalies du tube neural. Elles sont moins nombreuses (58 %) à prendre de l’acide folique trois mois avant la grossesse, ce qui est recommandé. Ce n’est pas toutes les femmes qui sont en mesure de s’engager dans ce type de comportement protecteur; les jeunes femmes sont moins susceptibles de prendre de l’acide folique avant ou pendant la grossesse que les femmes plus âgées, tout comme les femmes qui vivent dans un milieu à faible revenu et qui sont moins scolarisées.
L’alcool est un agent tératogène connu. L’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) est la principale cause connue de troubles du développement évitables chez les Canadiens. Il n’existe pas de quantité d’alcool sans risque ni de bon moment pour en consommer pendant la grossesse ou lorsqu’on planifie une grossesse. La majorité des femmes canadiennes (86 %) ne boivent pas d’alcool pendant la grossesse.
Les effets défavorables du tabagisme pendant la grossesse sur la santé du fœtus sont bien documentés : risque accru de faible poids à la naissance, mortinaissances, avortements spontanés, retard de croissance intra-utérin, naissances prématurées, décollement prématuré du placenta et syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN). La majorité des femmes canadiennes (88 %) ne fument pas pendant la grossesse. Cette proportion a augmenté de façon importante au cours des dernières décennies.
Les bienfaits de l’allaitement pour la mère et le bébé sont bien documentés et acceptés. La vaste majorité des femmes canadiennes (90 %) commencent à allaiter leur bébé après l’accouchement. Toutefois, seulement près de la moitié de ces femmes allaitent toujours après six mois et seulement 14 % allaitent de façon exclusive, ce qui est recommandé.
La qualité des relations familiales est particulièrement importante pour la santé et le développement des jeunes enfants. Les recherches ont montré qu’il y a un lien marqué entre les « dysfonctionnements » familiaux et les problèmes de santé mentale chez les enfants. La majorité des jeunes enfants vivent dans des familles équilibrées et ceci est de plus en plus le cas. Toutefois, ce n’est pas le cas pour toutes les familles. Les enfants vivant dans un milieu à faible revenu étaient plus susceptibles de faire partie d’une famille dont les parents ont obtenu un score élevé sur l’échelle de dysfonctionnement familial que ceux faisant partie d’une famille avec un revenu plus élevé. C’était également le cas pour les enfants qui faisaient partie d’une minorité visible et ceux qui étaient des immigrants récents.
Depuis longtemps, des pratiques parentales favorables et cohérentes ont été reconnues essentielles au développement sain des enfants.
Heureusement, la plupart des enfants de moins de 6 ans ont des relations favorables avec leurs parents. C’était le cas pour 94 % des enfants de moins de 6 ans en 2004-2005; cette proportion a augmenté depuis 1998-1999. La majorité des parents d’enfants de moins de 6 ans utilisaient des pratiques parentales et des formes de discipline cohérentes. Seulement 11 % de tous les enfants de moins de 6 ans avaient des parents qui avaient obtenu un faible score sur l’échelle de cohérence des pratiques parentales. Ici encore, cependant, ce n’est pas le cas pour toutes les familles. Les enfants vivant dans des familles à faible revenu, qui faisaient partie d’une minorité visible et qui étaient des immigrants récents étaient plus susceptibles de vivre dans des familles où les parents ont obtenu un faible score sur l’échelle de cohérence des pratiques parentales.
La violence familiale constitue un grave problème de santé publique. Elle peut entraîner toute une gamme de problèmes de santé à court ou à long terme, voire la mort. Les conséquences de la violence familiale peuvent être physiques, mentales, cognitives et comportementales. Si un enfant subit de mauvais traitements ou est exposé à de la violence à la maison, les effets sur sa santé peuvent perdurer toute sa vie. Les nourrissons et les jeunes enfants souffrent de nombreux effets de la violence familiale, notamment des blessures, des problèmes au lien parent-enfant et des problèmes de santé mentale, y compris l’anxiété, les problèmes de comportement, les difficultés scolaires et les problèmes avec les amis. En 2014, la proportion des personnes qui ont déclaré des incidents de violence familiale variait entre les provinces et les territoires.
Finalement, la violence envers les enfants a de graves répercussions sur la santé physique et mentale des enfants. Selon l’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants, il y a eu plus de 85 000 enquêtes corroborées sur la maltraitance et la négligence envers les enfants au Canada en 2008 – de ces cas, 34 % concernaient l’exposition à la violence conjugale et 20 % étaient de la violence physique.
Les données montrent que les enfants qui ont subi un traumatisme, comme la violence, la négligence, l’exposition à de la violence familiale ou le fait d’avoir un parent qui a une maladie mentale, risquent deux fois plus de souffrir d’obésité, de maladies cardiovasculaires, de dépendance et de dépression à l’âge adulte.
Les résultats de l’Alberta Adverse Childhood Experiences Study de 2013 montrent que les expériences néfastes de l’enfance (ENE) étaient chose courante et qu’il y avait des liens marqués entre un traumatisme dans l’enfance et un risque accru de problèmes de santé dans la vie adulte.